La Séparation de l'Eglise et de l'Ecole by Chevallier Pierre

La Séparation de l'Eglise et de l'Ecole by Chevallier Pierre

Auteur:Chevallier,Pierre [Chevallier,Pierre]
La langue: eng
Format: epub
Tags: histoire
Éditeur: Fayard
Publié: 2015-11-27T23:00:00+00:00


L'EXÉCUTION DU DEUXIÈME DÉCRET DU 29 MARS CONTRE LES CONGRÉGATIONS NON AUTORISÉES

Parmi les bourgeois anticléricaux membres du premier cabinet Ferry, on comptait, sur huit ministres civils, quatre avocats et juristes (Ferry, Cazot, Constans et Cochery). Ils étaient plus aptes que quiconque à donner à l'exécution du second décret du 29 mars les apparences les plus légales possibles. L'essentiel n'est-il pas toujours, pour un gouvernement, de n'agir qu'en se retranchant soit derrière des textes auxquels l'épithète de légaux confère un caractère quasi sacré, soit encore de pouvoir opposer à ceux qu'il veut frapper des décisions de justice qui lui sont favorables ? Peu importe que ces dernières ne soient pas équitables et qu'elles aient pu être prises sous la pression du pouvoir exécutif.

Il fallait, de toute évidence, retirer aux tribunaux de l'ordre judiciaire la connaissance des plaintes que les religieux que l'on allait expulser ne manqueraient pas de porter devant eux. Le 25 juin 1880, dans son discours au Sénat, Freycinet avait eu l'honnêteté de dire : « ... Si les lois n'existent pas, au sujet des textes visés par les décrets, les tribunaux le diront... ». Mais lorsque, le 30 juin, un jésuite, le P. Marquigny, avait assigné le préfet du Nord devant le juge des référés de Lille pour être réintégré dans son domicile, Paul Cambon, obéissant aux instructions du Garde des Sceaux Jules Cazot, avait pris un déclinatoire d'incompétence pour renvoyer l'affaire à l'autorité administrative. Le juge civil s'étant néanmoins déclaré compétent, le préfet avait pris un arrêté de conflit. Jules Cazot avait décidé en effet, qu'aucune procédure, fût-elle référé, civile ou correctionnelle, ne pouvait être introduite contre les agents chargés de l'exécution des décrets. Le Tribunal des Conflits chargé de dire si la juridiction judiciaire était compétente ou non en la matière prit le temps de la réflexion et, après débats, fixa le rendu de la sentence au 5 novembre 1880. Mais comme le tribunal était présidé par le Garde des Sceaux lui-même, juge et partie à la fois, le ministère n'avait aucune inquiétude sur le jugement à intervenir, si bien qu'à l'exception du département du Nord, Ferry décida que les expulsions débuteraient à la mi-octobre.

Une première opération eut lieu le 16 octobre à Paris contre les Carmes de la rue de la Pompe et les Barnabites italiens de la rue de Monceau. Un policier envoyé en mission par ses supérieurs prit d'abord des renseignements sur les Carmes. Sur la réponse qui lui fut faite que le fondateur de l'ordre était le prophète Elie, il demanda fort ingénuement s'il vivait encore. « – Oui, Monsieur, lui répliqua le religieux, et bien qu'il soit plus que centenaire, il a conservé le parfait usage de toutes ses facultés. – C'est prodigieux, s'exclama stupéfait le policier. – A-t-il obtenu l'autorisation ? – Oui, Monsieur, Jézabel l'avait d'abord refusée mais Jéhu a fini par l'accorder. » Et comme le nom de Jéhu roi d'Israël restait une énigme pour l'embourgeois, le Carme, avec qui il échangeait ce petit dialogue, fit le surpris « Oh ! ce n'est pas étonnant.



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